Comprendre le mécanisme de contagion émotionnelle entre individus

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Comprendre le mécanisme de contagion émotionnelle entre individus

Daniel Goleman est un psychologue américain spécialiste en intelligence émotionnelle et relationnelle. Il explique dans son livre Cultiver l’intelligence relationnelle que toutes les interactions humaines s’accompagnent d’un sous texte émotionnel. Chaque fois que nous entrons en contact avec un autre être humain, il y a contagion émotionnelle inconsciente (nous agissons mutuellement sur notre humeur… dans le bons sens comme dans le mauvais). Goleman parle d’économie interpersonnelle chaque fois qu’une interaction sociale provoque une contagion émotionnelle (presque en permanence).

Lorsque que quelqu’un déverse sur nous des émotions toxiques – explosions de colère, paroles menaçantes, manifestations de dégoût ou de mépris – , il ou elle active en nous les circuits de ces mêmes émotions. Son acte a des conséquences neurologiques puissantes car les émotions sont contagieuses. Nous “attrapons” les émotions fortes comme nous attrapons un virus, ce qui nous donne l’équivalent émotionnel d’un bon rhume. – Daniel Goleman

Ainsi, quand une personne fronce les sourcils ou, par une parole ou un geste, nous fait froncer les sourcils, cette personne suscite en nous une légère inquiétude… sans que nous comprenions forcément d’où vient cette inquiétude. Notre environnement est plein de “déclencheurs d’humeur” que nous ne remarquons pas.

La contagion émotionnelle passe par l’amygdale, centre des émotions dans le cerveau. L’amygdale extrait une signification émotionnelle des messages non verbaux (sourcils froncés, bras croisés, sourire, ton et timbre de la voix, regard…) quelques microsecondes avant que nous sachions ce que nous regardons (il y a une voie rapide qui passe des yeux au thalamus puis à l’amygdale avant d’arriver au cortex visuel). Les informations d’ordre émotionnel sont traitées par l’amygdale à un niveau subliminal, inaccessible à la conscience.

Or l’amygdale est comme muette : au lieu de d’alerter l’aire verbale où les mots peuvent exprimer ce qui est pensé, nous reproduisons l’émotion dans notre corps. Cette reproduction est un mécanisme essentiel de la contagion émotionnelle. C’est ainsi que des personnes souriantes et chaleureuses nous font sentir bien même quand nous sommes au départ tristes ou stressés tandis que d’autres ont le pouvoir de nous stresser, de nous faire sentir mal avant même d’avoir prononcé un mot. Ce phénomène de contagion émotionnelle explique pourquoi une ambiance ou une réunion peut virer à l’aigre : il suffit d’une personne désagréable pour “contaminer” une équipe (et, en même temps, il suffit d’une personne agréable pour renverser la vapeur).

Les émotions se transmettent d’individu en individu en silence et à notre insu parce que leur circuit de propagation se trouve dans la route basse. La route basse est un circuit qui opère à notre insu, automatiquement et sans effort, très vite.

En parallèle de cette route basse, il y a la route haute. Cette route haute passe par des systèmes neuraux qui travaillent méthodiquement; Elle est consciente et nous donne sur notre vie intérieure un certain contrôle (que la toute basse nous refuse).

La route basse s’occupe d’émotions brutes, la haute de comprendre ce qui se passe. La route basse nous donne une sensation immédiate de l’autre personne, la haute peut réfléchir à ce que nous ressentons. Notre vie sociale est gouvernée par le jeu de ces deux modes. – Daniel Goleman

La rapidité de la route basse serait liée à des neurones ultra-rapides, les neurones fuseaux. Avant même de pouvoir mettre des mots sur ce que nous ressentons, nous avons prononcé un jugement. Goleman estime que notre capacité à dire “j’aime” ou “je n’aime pas” quelques millièmes de secondes avant de savoir de quoi il s’agit pourrait donc être due aux neurones fuseaux.

Cependant, Daniel Goleman rappelle que, même si le caractère automatique de la contagion émotionnelle nous rend vulnérables aux émotions négatives, nous ne sommes pas désemparés pour autant. La route haute nous propose des choix devant une relation destructrice. Tandis que la route basse constitue une sorte de sixième sens, la route haute est un cerveau “pensant” qui donne de la flexibilité au répertoire limité et rigide de la route basse. Pour que la route haute fasse preuve de flexibilité, elle a besoin de temps. Nous pouvons faire le choix de la route haute pour réagir avec conscience à la contagion émotionnelle.  Ainsi, le simple fait de nommer pour nous-mêmes ce que nous ressentons calme l’amygdale.

Le spectacle de la vie nous propose en permanence d’innombrables variations. Lors de nos réactions, la route basse nous offre une première attitude mais la route haute peut décider d’une autre. – Daniel Goleman

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Source : Cultiver l’intelligence relationnelle de Daniel Goleman (éditions Pocket. Disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.

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