Grammaire relationnelle : 6 principes pour faciliter la communication dans nos relations (Jacques Salomé)
Dans son ouvrage T’es toi quand tu parles : jalons pour une grammaire relationnelle, Jacques Salomé démontre qu’il est possible de constituer une grammaire relationnelle. Cette grammaire relationnelle permet d’établir des relations saines entre personnes, de mettre en commun nos ressemblances et nos différences et de répondre à nos besoins relationnels les plus vitaux.
La communication vivante telle qu’envisagée par Jacques Salomé permet de résoudre un grand nombre de situations “d’ in-communication” rencontrées au quotidien.
Voici 6 principes pour faciliter la communication, fondés sur cette grammaire relationnelle :
1. Personnaliser
- Passer du « on » au « je »
Remplacer « nous avons beaucoup aimé ce film » par « j’ai aimé le film que nous sommes allés voir ensemble, et toi ? »
- Parler du vécu et du ressenti
Exprimer le ressenti en « je » plutôt que penser pour l’autre en utilisant « nous » ou « tu » : « Je suis démunie/ triste/ inquiet… quand… »
2. S’affirmer
- Remplacer les questions par des affirmations
Dire « je mangerais bien maintenant » plutôt que « tu n’as pas faim ? »
Inviter plutôt qu’ordonner ou laisser supposer : « je trouve qu’il fait beau et je souhaite sortir pour prendre l’air, je t’invite à venir avec moi si tu le souhaites »
- Nous présenter comme des êtres partagés par des désirs et des peurs contradictoires
« C’est vrai que je suis heureux/se de ton choix de partir à Paris pour tes études. En même temps, je me fais du souci. »
- Dire ce qui est touché en nous, ce qui se passe en nous
Parler des émotions et des besoins plutôt que critiquer ou accuser l’autre
- Constater les divergences sans nous sentir attaqués personnellement
Si l’autre dit « ce n’est pas comme ça qu’il faut faire, je te l’ai dit 100 fois. Qu’est-ce que tu es maladroit ! », on peut se positionner de façon à ouvrir l’échange : « oui, tu me vois comme maladroit. Je t’invite à ne pas parler sur moi. Je n’ai plus envie de me laisser définir comme maladroit/e car je ne me reconnais pas dans cette définition. Dis-moi plutôt ce qui se passe pour toi lorsque tu me vois agir de telle façon, lorsque tu m’entends tenir tel ou tel propos, et parlons enfin de nos façons d’agir différentes. »
3. Respecter et se respecter
- Reconnaître nos sentiments comme étant les nôtres et les relier à ce que nous éprouvons
Remplacer « fais donc attention, tu vas faire mal à ton frère » par « je crains pour ton frère, je te demande de trouver une autre façon de jouer »
Réagir à une peur ou à une critique avec empathie et assertion : « Tu as peur que je ne gagne pas ma vie si je fais des études de lettres ? C’est ta peur. C’est vrai que les emplois sont plus rares dans ce domaine, mais c’est l’orientation que je choisis. J’en prends le risque. »
- Parler de soi plutôt que parler sur l’autre
Jacques Salomé parle de 3 modes de communication qui sont des cancers dans les relations :
– la relation klaxon : parler sur l’autre, faire un discours sur l’autre (le “tu” qui tue : tut, tut)
– la dynamique du coucou : parler à la place de l’autre, répondre pour lui
– la communication différée : parler à travers l’autre, se servir de ce qu’il a dit
« Tu es insupportable » peut devenir « je suis fatigué ce soir, ce bruit m’est insupportable »
- Distinguer la personne et son comportement
Ne pas confondre ce qu’une personne fait et qui elle est.
- Exprimer nos désirs sans systématiquement les transformer en demandes ou exigences
Si nous décidons de transformer nos désirs en demandes, nous devons être conscients que l’autre peut dire « oui », « non », « peut-être » ou « je ne sais pas ».
- Dire nos peurs sans les imposer aux autres
Derrière une peur, il y a toujours un désir, une peur découlant d’un besoin non satisfait.
« Je suis inquiet/inquiète et c’est vrai, j’ai peur de (l’éloignement/ te perdre/ que tu aies un accident…). Je voudrais… et c’est pour cela peut-être que j’ai envie de… »
- Partager des convictions sans chercher à convaincre ou à avoir raison à tout prix
« Je n’ai pas le même point de vue que toi. J’ai une conviction profonde sur cette question, totalement différente de la tienne. »
« J’entends ce que tu affirmes. Non, je n’ai décidément pas le même point de vue que toi. Voici le mien… »
- Se relier avec l’autre pour remettre son point de vue chez lui
« Elle représente quoi, cette note pour toi ? »
« Pour l’instant, ma démarche te parait incompréhensible. Tu as le sentiment que c’est du temps perdu. Accepterais-tu de me dire ce que tout cela dérange ou irrite en toi ? Accepterais-tu de me parler de toi plutôt que de disqualifier ma démarche ? »
4. Partager
- Se centrer sur la personne plutôt que sur le problème
« Il t’a insulté, comment l’as-tu ressenti ? Qu’est-ce qui s’est passé en toi ? »
- Oser dire et demander directement
– Sans passer par l’accusation : « tu ne penses jamais à me demander mon avis ».
– Sans passer par culpabilisation : « tu aurais pu penser à me téléphoner, sachant que j’étais malade ».
– Sans introduire une plainte : « Tu savais que j’étais seul. Ce n’étais pas difficile de m’appeler ».
« J’ai envie de sortir ce soir et j’aimerais être avec toi.»
- Etre conscient que la réponse de l’autre est liée à ce qu’il est lui (et non pas à ce que nous sommes)
5. Différencier
- Oser le oui et le non d’affirmation
Quand nous disons oui, se demander à qui, à quoi nous disons oui ! A l’autre ou à soi-même ? A une peur, à une image idéalisée ou dévalorisée de soi-même, à un refus de faire de la peine… par un non ?
Oser dire non par affirmation, plutôt que par refus ou opposition à l’autre.
« Non, cela ne me fait pas plaisir. Je te remercie de ta démarche. Elle ne correspond pas à ce que je désire. »
- Renoncer à l’alibi de l’amour (heureusement que je t’aime sinon je ne ferais pas la moitié de ce que je fais pour toi)
Il ne suffit pas de dire « je t’aime » pour tout comprendre, tout arranger.
6. Ouvrir, s’ouvrir
- Sortir de l’implicite
Expliciter les demandes et les besoins. Dans les relations intimes, il y a beaucoup de souffrances non dites car tout se passe comme si les choses allaient de soi.
- Assurer du soutien
« Si tu vivais un jour quelque chose de difficile, je me sens capable de t’écouter et de voir ensemble ce qu’il faudrait faire ».
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Source : T’es toi quand tu parles : jalons pour une grammaire relationnelle de Jacques Salomé (éditions Pocket). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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