Parler des émotions dans le couple

Les divergences dans les couples sont plus que courantes. Or de nombreuses personnes ont dans la tête des “normes” concernant le couple : “Un vrai couple, ce sont les mêmes envies au même moment, c’est être d’accord sur tout”.

Ces personnes développent sorte de phobie du conflit, le conflit étant interprété comme le signe que rien ne va plus, que le couple ne tient plus la route.

Elles risquent de se plier en quatre pour satisfaire le ou la conjoint.e. Quand il ou elle dit ou fait quelque chose que l’autre n’apprécie pas, ce dernier prend sur lui et ne dit rien. Il commence alors à en vouloir au partenaire et à se demander s’il a vraiment choisi la bonne personne.

Comprendre les deux étapes des relations amoureuses peut aider à comprendre en quoi il est important de parler des émotions dans le couple et d’adopter une sorte “d’hygiène émotionnelle et relationnelle”.

Un couple, ce sont deux personnes avec des passés différents, des goûts différents, des envies différentes. Les premiers mois sont souvent des mois de fusion au cours desquels rien n’est important que la présence de l’autre. Mais ensuite, vient l’ajustement à l’autre. Et les ajustements génèrent souvent du stress et des émotions négatives. – Stéphanie Hahusseau

Si l’un des partenaires ne dit pas à l’autre ce qui l’agace, ce qui ne nourrit pas ses besoins, les chances que l’autre prenne ces informations en compte sont nulles. En parallèle, l’autre va accumuler les rancœurs et ses émotions vont se transformer en sentiments installés à long terme, comme le ressentiment. Quand ces sentiments croissent et durent, l’envie de mettre un terme à la relation croît au même rythme.

Les conflits sont justement des opportunités dans les couples de mieux se connaître (soi-même et l’autre), de trouver des solutions communes aux problèmes et d’évoluer. Quand les conflits et les émotions douloureuses sont mises sous le tapis, les partenaires risquent de se réveiller un matin avec le sentiment d’un tel décalage avec l’autre qu’ils finissent pas penser qu’il n’ont plus rien en commun, plus rien à se dire, plus rien à partager.

Des clés pour vivre ses émotions dans le couple

• Prendre le temps d’identifier ses émotions positives et négatives, de faire un travail personnel de clarification intérieure en nommant ses émotions, l’intensité de ces émotions, les pensées qui les accompagnent et les besoins sur lesquels ces émotions attirent l’attention ->Intelligence émotionnelle : 3 clés pour faciliter l’identification de nos émotions

 

• Communiquer ces émotions au partenaire avec des messages Je (“je me sens…”, “je ressens de la…”, “j’ai de la… dans mon coeur”) sans trop attendre

 

• Parler des besoins insatisfaits en parlant de soi (“j’ai besoin de…”, “c’est important pour moi de…”) et transformer les envies de critiquer et juger l’autre en expression de besoins personnels

 

• Demander à l’autre comment il se sent à l’évocation de ces émotions et besoins : “Qu’est-ce que cela te fait quand je dis que… ?” – >Apprendre à raisonner en termes de besoins : un premier pas vers la non violence

 

• Rechercher des compromis satisfaisants entre les besoins et valeurs de l’autre et les nôtres à travers une résolution de problème créative : comment satisfaire les besoins de l’un et de l’autre ?

 

• Remettre en question les croyances sur le fonctionnement idéal d’un couple :
  • penser par exemple à un couple qui avait l’air idéal, lisse, en parfaite harmonie et qui s’est pourtant séparé : qu’est-ce qui a poussé à penser que ce couple était idéal ? y a-t-il eu des indices qui alertaient sur un dysfonctionnement de la relation ?
  • comprendre qu’un être humain qui n’éprouve pas d’émotions, c’est un être humain mort
  • voir les émotions dites “négatives” (colère, peur, tristesse, honte…) comme des signaux précieux, comme des boussoles internes qui nous renseignent sur nous-mêmes, sur nos besoins et qui doivent être écoutés -> Peur, colère, tristesse : à quoi sert d’éprouver des émotions désagréables et douloureuses ?
  • revenir sur un conflit récent et voir quels bénéfices auraient pu en être tirés : quelles émotions ont poussé les partenaires à agir comme ils l’ont fait ? sur quels besoins insatisfaits ces émotions ont-elles pu attirer l’attention ? comment ces émotions et besoins auraient pu être exprimés sans violence ? quelle solution créative satisfaisant les besoins des deux partenaires aurait pu être trouvée ?

 

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Source : Tristesse, peur, colère: Agir sur ses émotions de Stéphanie Hahusseau (éditions Odile Jacob Poches)

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