Notre petite voix critique interne : l’apprivoiser pour en faire une alliée (et décoder ses vrais messages)
La petite voix critique est celle qui s’élève en nous pour nous traiter avec dureté, celle qui nous accable au lieu de montrer de la compréhension, qui nous démolit au lieu de nous soutenir, qui nous condamne au lieu de nous encourager, qui pointe ce qu’il faudrait changer plutôt que ce qui est bien.
Cette petite voix intérieure juge, interdit et coupe l’élan vital, la créativité.
Les phrases typiques du critique interne peuvent ressembler à cela : “Tu n’es qu’un.e bon.ne à rien !”, “Tu es un.e incapable”, “Tu n’aurais pas du dire ça”, “Regarde un peu de quoi tu as l’air”, “Tu ferais bien d’abandonner”, “Tu n’y arriveras jamais”…
Bernadette Lamboy, docteure en psychologie, proposent quatre pistes pour repérer la voix critique et l’apprivoiser.
Apprendre à repérer la petite voix négative
Repérer les voix critiques passent par le fait de se mettre à l’écoute de ce qui se passe en soi et d’identifier les voix qui :
- commentent négativement
- font la morale,
- donnent des ordres,
- rabaissent.
Bien identifier ces voix passent par le fait de repérer leurs mots récurrents (mais, toujours, jamais, c’est toi qui…, c’est de ta faute, rien, tu ferais mieux de…, pas pour toi, nul, incapable, il faut, tu dois, mal, pas…) et leur ton.
On peut également faire passer une sorte de test à nos pensées intérieures : cette pensée m’aide-t-elle en quoi que ce soit ? si oui, à quel prix ?
On pourra se mettre à l’écoute de ce qui se passe dans le corps en contact avec ces voix critiques : où est-ce que ça se passe dans mon corps ? comment ça fait (rétraction du coeur, gorge serrée, tête qui se baisse, immobilisation…) ?
Une fois débusquées, les petites voix intérieures ne peuvent plus avoir le même impact parce qu’on va cesser de leur donner toute la place.
Exister face au critique et remplacer ces messages par de l’auto bienveillance
Bernadette Lamboy nous invite à nous demander pourquoi ce critique fait tant de bruit en nous. Ne craint-il finalement pas que nous rations notre vie ? En pointant le négatif, peut-être espère-t-il susciter le positif ?
En nous disant que nous sommes “nul.le.s”, “bêtes” ou “incapables”, il compte sur le fait que, ne voulant pas le rester, nous déployions tous les moyens d’en sortir. Le système éducatif continue à s’inspirer largement de cette tactique. Son véritable objectif est de nous faire grandir et de nous préserver, mais comme il s’y prend mal ! – Bernadette Lamboy
Le plus souvent, les critiques de notre petite voix intérieure sont fondées sur la peur, la peur de l’échec, la peur de ne pas réussir sa vie, la peur que le bonheur soit inaccessible. Or, au lieu de partager ses craintes dans un langage authentique et vulnérable, elle s’en prend à nous; au lieu de nous encourager, elle nous prive de notre potentiel.
Bernadette Lamboy rappelle que la petite voix critique redoute que le pire n’arrive. Il s’agit donc de la rassurer. Le meilleur moyen est de lui confirmer qu’on sera vigilant et prudent, qu’on ne se laissera pas “avoir” car on a des gardes-fous. Ces gardes-fous sont les messages corporels, les intuitions, que le corps envoient. On ira vers ce qui est bon pour nous en restant à l’écoute de soi-même et en prenant des moyens efficaces pour y arriver.
La petite voix critique ne demande qu’à être rassurée par les faits. Si, au final, on est mieux, elle se rendra à l’évidence.
Pour soutenir ce processus, il est possible d’adopter soi-même des phrases encourageantes pour s’accorder de l’auto bienveillance et du soutien, du soin en cas d’ affaiblissement :
- Prends un petit peu de temps avec toi, donne-toi ce moment, juste pour toi.
- Veux-tu bien rester ici et maintenant avec toi, simplement écouter ce que tu ressens ?
- Est-ce que quelque chose te ferait un peu de bien ? te soulagerait ?
- Prends ton temps, ne te bouscule pas, tu peux relâcher la pression, tu peux compter sur toi-même et tes ressources, tu vas y arriver.
- Tu peux te détendre, rien de terrible ne t’arriveras si tu baisses la garde, il n’y a pas de risque, seulement de la sérénité à gagner.
- Laisse venir à toi et en toi ce qui pourrait t’aider, écoute ton corps et ton coeur, tu as déjà des éléments de réponse et de solution en toi, fais toi confiance.
Ecouter le véritable message du critique
On peut également choisir de décoder les motivations de la petite voix critique (plutôt que se battre contre elle et y perdre une énergie considérable).
“Tu es nul.le et ne seras jamais bon.ne à rien” signifie probablement “Je crains que tu ne trouves pas les moyens pour t’en sortir, j’ai peur pour ta future sécurité financière”.
“Tu es une vraie pouffiasse” signifie probablement “J’ai peur que les autres n’aient aucune considération pour toi et te laissent tomber, que personne ne sache t’apprécier pour qui tu es vraiment”.
“C’est bien fait pour toi, je te l’avais dit” signifie probablement “Je redoutais ce qui est arrivé, j’ai à coeur de prendre soin de toi et souhaite t’alerter sur les stratégies efficaces pour que tu prennes bien soin de toi par toi-même”.
Bernadette Lamboy propose une méthode pour écouter le vrai message du critique :
- l’interpeller et lui demander :
- qu’est-ce que tu redoutes ?
- qu’est-ce que tu souhaiterais ?
- qu’est-ce qui est important pour toi ?
- quel est le besoin dont tu voudrais que je prenne soin ?
- lui donner la parole en lui demandant de changer les messages Tu en messages Je
- “Tu te poses pas de question, c’est pas le moment de douter et de pleurnicher” peut devenir “Je crains que, si tu écoutes ton intuition, tu renonces aux efforts à faire pour ce qui est bon pour toi et que tu fasses preuve de faiblesse alors que ce sont les forts qui gagnent toujours dans notre société”
Passer une alliance avec la voix critique
A partir du moment où la petite voix critique s’est révélée, elle peut quitter la position autoritaire et infantilisante qu’elle avait adoptée. Il devient possible de “dialoguer” entre adultes et se s’engager dans une coopération avec elle pour trouver des solutions.
On peut dire à la petite voix critique interne qu’on a besoin de liberté de mouvement pour prendre les meilleures décisions possibles et qu’on reviendra vers elle pour qu’elle se rende compte par elle-même que les décisions prises ont été les bonnes.
On peut également demander à la petite voix critique de devenir une “alliée” et de parler de ses peurs dans un langage authentique, des désirs et besoins sous ses peurs, de mettre en avant les ressources disponibles et mobilisables plutôt que les freins et les limites.
On la rassurera sur le fait qu’on cherche des moyens pour être heureux dans la vie, qu’on a les mêmes objectifs qu’elle mais pas les mêmes stratégies.
Quand la petite voix réapparaît sous sa forme négative et critique, il est possible de lui rappeler l’alliance et de souligner les petits pas déjà effectués : “Et si on appréciait déjà le pas effectué aujourd’hui ?”, “On va déjà mettre ça en pratique et on verra après.”,”Si ça ne fonctionne pas du premier coup, nous recommencerons et, dans tous les cas, nous ferons de notre mieux”.
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Source : Trouver les bonnes solutions par le focusing de Bernadette Lamboy (éditions Le Souffle d’Or). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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