Pourquoi nous n’arrivons jamais à tenir nos résolutions et à changer nos habitudes ! (la réponse et les solutions des neurosciences)

Pourquoi nous n'arrivons jamais à tenir nos résolutions et à changer nos habitudes

Pourquoi nous n’arrivons jamais à tenir nos résolutions et à changer nos habitudes !

Nous savons tous qu’il faut faire de l’exercice, dormir huit heures, manger plus sain et être bon envers les autres. Mais cette connaissance commune rend-elle l’accomplissement de ces choses plus aisé  ? Bien sûr que non. Parce que, dans la vie, la connaissance ne représente qu’une partie du combat. – Shawn Achor (assistant de Tal Ben-Shahar à Harvard, figure majeure de la psychologie positive et auteur de Comment devenir un optimiste contagieux)

Nous avons tous fait l’expérience de vouloir faire quelque chose que nous estimons bon pour nous mais ne jamais réussir à passer à l’action ou à agir sur le long terme en ce sens.  Les habitudes positives sont difficiles à impulser et à conserver, aussi pleines de bon sens soient-elles.

Shawn Achor propose alors de répondre à la question dans son livre Comment devenir un optimiste contagieux : Si notre cerveau a la capacité de changer, comme nous le savons à présent, pourquoi est-il si difficile de modifier notre comportement, et comment pouvons-nous rendre cette transformation plus aisée  ?

William James, psychologue du XIX°, estime que nous ne sommes rien de plus que de «  simples paquets d’habitudes  ». Il base cette affirmation sur le fait que nous pouvons exécuter automatiquement de nombreuses tâches quotidiennes – comme nous brosser les dents tous les matins. Swhawn Achor compare les habitudes à un capital financier  : en former une aujourd’hui est un investissement qui rapportera automatiquement des bénéfices dans les années à venir.

Comment se forment les habitudes ?

Les habitudes se forment parce que le cerveau se modifie en réponse à une pratique régulière.

A mesure que nous progressons chaque jour par l’acquisition de connaissances, par l’accomplissement de nouvelles tâches et par la participation à des conversations instructives, notre cerveau évolue et se reprogramme pour intégrer ces expériences. – Shawn Achor

Les neuroscientifiques ont l’habitude de dire que «  des neurones qui s’allument ensemble fonctionnent ensemble  ». Cela signifie qu’il existe dans notre cerveau des milliards de neurones interconnectés qui forment un ensemble complexe de voies neuronales. Un courant électrique parcourt ces circuits, de neurone en neurone, envoyant des messages qui constituent chacun de nos actes et chacune de nos pensées. Plus nous accomplissons une action particulière, plus il s’établit de connexions entre les neurones correspondants. Plus ce lien est fort, plus le message parcourt rapidement le circuit. C’est ce qui fait d’un comportement une seconde nature ou un automatisme.

Pourquoi la volonté ne suffit-elle pas ?

Achor écrit : “Qu’il s’agisse de régime strict, de résolution du nouvel an ou de tentative pour instaurer une pratique quotidienne de la guitare, les difficultés de tant d’entre nous à maintenir le cap proviennent de ce que nous cherchons à nous appuyer sur la volonté.”

Or il se trouve que la volonté est épuisable. Plus on s’en sert, plus elle s’affaiblit ! Quand on utilise notre volonté pour résister à des tentations ou pour rester attentifs/ productifs (au travail, à l’école…), on n’a plus  la détermination ni l’énergie mentale suffisantes pour entreprendre une autre tâche qui demande de l’investissement personnel.

Même quand des tâches semblent sans rapport entre elles, elles puisent à la même source de carburant limitée. Il se trouve qu’au quotidien, nous sommes confrontés à un flux régulier de tâches qui entament notre détermination et vident notre réservoir de volonté. Comme notre volonté est mise à l’épreuve, nous avons tendance à céder à nos vieilles habitudes, à la voie la plus facile.

Cette attraction invisible vers le chemin de moindre résistance peut dicter nos vies davantage que nous ne le croyons, créant une barrière imperméable au changement et au développement positif. – Shawn Achor

De quoi se prive-t-on quand on n’arrive pas à intégrer des bonnes habitudes basée sur “l’atout bonheur” ?

Les «  loisirs actifs  » tels que les passe-temps, les jeux et le sport renforcent notre concentration, notre engagement, notre motivation et notre sensation de plaisir.

Shawn Achor cite des études selon lesquelles les adolescents américains sont deux fois et demie plus susceptibles de connaître une satisfaction intense quand ils s’adonnent à un passe-temps que lorsqu’ils regardent la télévision, et trois fois plus quand ils pratiquent un sport. Et pourtant, Achor note un paradoxe  : ces mêmes jeunes passent quatre fois plus d’heures devant le petit écran qu’à se livrer à une activité sportive ou de loisir.

Mihaly Csikszentmihalyi, autre psychologue promoteur de la psychologie positive pose la problématique en ces termes : «  Pourquoi consacrer quatre fois plus de temps à quelque chose qui a très peu de chances de nous procurer du bien-être  ?  »

La réponse se trouve dans le fait que nous sommes attirés par la facilité, la commodité, l’habitude, et qu’il est très difficile de surmonter cette inertie. La nature humaine nous emmène fréquemment sur le chemin de moindre résistance.

Comment enclencher une habitude positive à long terme ?

Travailler sur l’énergie d’activation : la règle des 20 secondes

Shawn Achor est parti du principe qu’il est possible éliminer la quantité d’énergie d’activation qu’il faut pour dépasser l’inertie et enraciner une nouvelle habitude à long terme. L’idée essentielle est de placer le comportement désiré sur le chemin de moindre résistance, de sorte qu’il faut moins d’énergie et d’effort pour passer à l’action que pour l’éviter.

Achor nomme ce principe “la règle des 20 secondes”. Abaisser la barrière d’accès au changement de seulement 20 secondes peut suffire pour créer les conditions d’une nouvelle habitude de vie.

Il admet qu’en réalité, il faut en général plus de temps pour que l’effet se fasse sentir – et quelquefois cela peut en prendre beaucoup moins –, mais la stratégie elle-même est applicable universellement  : diminuer l’énergie d’activation pour les habitudes à adopter, et l’augmenter pour celles à éviter.

Plus nous pouvons réduire ou même éliminer l’énergie d’activation pour les actions que nous désirons, plus nous renforçons notre capacité à mettre sur les rails un changement positif. – Shawn Achor

Moins il faut d’énergie pour démarrer une habitude positive, plus il est probable qu’elle s’ancrera.

Shawn Achor donne quelques exemples simples de stratégies pour y parvenir (l’idée étant de rendre l’action à éviter plus difficile sans pour autant la rendre impossible car la notion de liberté est importante pour ne pas sentir le poids de la contrainte) :

  • enlever les piles de la télécommande et les mettre dans un tiroir pour éviter de s’affaler devant la télé en rentrant du travail
  • se coucher en jogging la veille et déposer les baskets au pied du lit pour pouvoir faciliter l’action de se mettre au sport
  • préparer à l’avance des en-cas bons pour la santé afin de n’avoir plus qu’à les sortir du réfrigérateur
  • au travail, supprimer les raccourcis vers les sites ou applications qui perturbent la concentration, désactiver les notifications, désinstaller certaines applications chronophages (l’idée étant ici d’augmenter l’énergie d’activation pour passer l’envie de pratiquer des activités non productives et non génératrices de bien-être)

Notre meilleure arme dans la guerre aux mauvaises habitudes – que ce soient des boissons glacées, des rediffusions de la série Seinfeld ou des sources de distraction au travail – est simplement de rendre la possibilité d’y succomber plus difficile pour nous. – Shawn Achor

Etablir des règles à l’avance

Barry Schwartz, auteur de Le Paradoxe du choix, explique comment le fait d’établir des règles à l’avance peut nous libérer de cet obstacle permanent d’avoir à faire des choix, qui diminue notre volonté. Pa exemple, si nous faisons un principe de ne jamais conduire quand nous avons bu plus d’un verre, nous éliminons le stress et l’incertitude d’avoir à décider chaque fois si on est trop ivre pour prendre le volant.

Avec le temps, il sera toujours possible d’assouplir les règles, quand la nouvelle habitude visée est fermement en place.

La clé pour les appliquer – pour accéder à un changement positif, permanent – est de créer des habitudes qui portent automatiquement leurs fruits, sans requérir d’effort soutenu ni d’abondantes réserves de volonté. La solution pour créer ces habitudes est la pratique répétée, rituelle, jusqu’à ce que les actions s’enracinent dans la chimie nerveuse du cerveau. Et le moyen d’acquérir une pratique journalière est de placer les actions souhaitées aussi près du chemin de moindre résistance qu’il est humainement possible de le faire. Identifiez l’énergie d’activation – le temps, les choix, l’effort physique et mental requis –, puis diminuez-la. Si vous pouvez réduire l’énergie d’activation nécessaire pour fixer ces habitudes garantes de succès ne serait-ce que de 20 secondes à la fois, les bénéfices ne se feront pas attendre. – Shawn Achor

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Source : Comment devenir un optimiste contagieux de Shawn Achor (éditions Pocket). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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