Stress et cancer : le rôle du type d’attachement et des émotions

Dans son livre Stress et cancer : Quand notre attachement nous joue des tours, Yvane Wiart développe un argumentaire qui vise à démontrer que la personnalité a des effets sur les risques de développer un cancer et que la personnalité est influencée par les liens d’attachement mis en place dans l’enfance avec les parents. En effet, la manière dont nous avons été traités dans l’enfance et l’adolescence influence notre manière de gérer notre stress : quand nous avons appris à réprimer nos émotions, à les nier, à nous conformer à des attentes plutôt qu’à écouter nos sensations corporelles, alors nous ne savons pas bien gérer notre stress. Or de nombreuses études ont montré la corrélation entre une mauvaise gestion du stress et risque de développer un cancer.

Yvane Wiart écrit qu’un attachement secure est associé à des relations sociales satisfaisantes, une vision positive de l’existence et des paramètres physiologiques favorables à un maintien de l’organisme en bonne santé.

Un humain développe un attachement secure quand sa mère (et les personnes qui s’occupent de lui) s’adaptent à ses besoins de bébé, accueillent ses émotions tout au long de l’enfance et de l’adolescence, écoutent ses sensations (sommeil, faim, chaud/froid, douleur…) pour y apporter une réponse adéquate, répondent à ses pleurs et se montrent chaleureux et prévisibles.

Un des traits principaux de cet attachement secure est marqué par une bonne conscience des sensations et des émotions personnelles, parce que les parents les ont accueillies, reflétées et acceptées dans l’enfance. Or les émotions sont là pour servir de signal instinctif que quelque chose n’est pas bon pour le corps. Yvane Wiart compare les émotions à des réflexes qui se déclenchent exactement comme le mouvement de retrait quand on met la main sur une surface trop chaude.

Obliger quelqu’un à laisser la main sur une plaque électrique brûlante relève clairement, dans l’esprit de tous je l’espère, de la torture. Par contre, combien d’entre nous sont conscients que contraindre un enfant à demeurer le siège d’émotions fortes car l’environnement [=les parents, la famille, les enseignants ndlr] n’intervient pas pour l’en protéger, en nie la validité, voire l’existence, obéit à un phénomène du même ordre, aux conséquences forcément désastreuses, à plus ou moins long terme ? – Yvane Wiart

Yvane Wiart parle d’aveuglement en ce qui concerne la faible diffusion des liens entre attachement, stress et cancer. Elle regrette que de nombreuses personnes fassent le choix inconscient de séparer leur corps et leur psychisme.

Il est donc, semble-t-il, essentiel pour certains de maintenir la croyance selon laquelle la maladie frappe au hasard car interroger les circonstance spécifiques de sa survenue ferait remonter des affects si intolérables, enfouis depuis l’enfance, que blâmer Dieu ou le destin est infiniment préférable, même si cela conduit à l’impuissance et à des traitements lourds qu’une prévention appropriée pourrait sans doute éviter. – Yvane Wiart

Cet aveuglement est lié au refus de la plupart des personnes d’examiner en détails les conditions de leur éducation, les manques qu’elles y ont vécus en termes de besoins d’attachement et qui continuent de s’inscrire dans leurs relations d’adultes (par leurs perceptions d’elles-mêmes, d’autrui et du monde environnant).

Protéger l’image de ses parents, pour instinctif que cela soit, est un poison sournois qui tue à petit feu. – Yvane Wiart

En ce sens, Yvane Wiart rejoint la pensée d’Alice Miller sur les conséquences négatives des violences éducatives (y compris dites ordinaires comme les fessées, les menaces de retrait d’amour, le chantage ou encore les punitions) sur la santé humaine.

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Source : Stress et cancer : Quand notre attachement nous joue des tours de Yvane Wiart (éditions De Boeck supérieur). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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